
LE BRUIT VISUEL.

Kedhul.
« J'ai hurlé mon mal, ma tristesse et mon horreur ! Mais ici bas, un fantôme m'a dit "Je t'aime.". » Maud.
Cycle
Écrire la nature sous ses plus discrètes coutures,
Se glisser dans les sanctuaires secrets de la vie
Pour s’endormir, paisible, parmi ce qui est pur.
Humer un parfum trop subtil pour être poésie.
Effleurer de sa peau creusée la belle peinture
Toute faite de ces formes soigneuses et polies,
Contempler paysages libres, bêtes et verdure,
Distinguer un humble silence parmi les cris.
S’élancer, traître fidèle, dans une aventure
Entre les antres épargnés et les assombris.
Se hisser au-delà du ciel et de la roche dure
,Jusqu’à caresser du doigt un nuage attendri.
Errer jusqu’à-ce que nos pieds fragiles glissent
Et nous abattent sur cette terre si peu solide
Pour pleurer jusqu’à-ce que notre œil vieillisse
Et ne laisser de nous qu’un maigre corps humide.
02/06/2013
Les bêtes aux ongles sales
Je scrute ces visages difformes aux rictus amers,
Ces affreuses têtes animales couchées contre terre
Dans un maigre espoir d’entendre un battement
Et d’enfin découvrir sens, paix et épanouissement.
Moi aussi suis étendue dans une épaisse poussière,
Le regard cynique hanté de maladies de l’esprit.
Écoutant le souffle haletant de ces bêtes avilies,
Je somnole et observe l’humanité qui ici se perd.
Tout est trop immense et complexe pour être beau.
Les monstres, emportés par leur frénésie, écument,
S’écroulent et gémissent leurs questions et maux.
Indicible est la piètre souffrance qui les consume.
Leur douce terre est nauséabonde, froide, putride !
S’impriment en cette fade chair les griffes des bêtes.
Aveugles de colère, elles lacèrent leurs peaux humides,
Se courbant et accablant leurs propres frêles squelettes.
Elles creusent, se questionnent encore et toujours,
Les doigts ankylosés tant elles ont creusé, creusé.
Parmi elles, aucune ne se redresse enfin vers le jour
Et ne lit dans une aurore incolore la réponse donnée.
C’est bien fait pour nous.
04/07/2013
L'acédie
De longs sillons de givre ont creusé les collines
De l’âme ; des torrents de cristaux parcourant
Les chemins inexorables de la pensée, du temps.
Un froid muet règne sur ces terres adamantines
Depuis que l’aurore mauve de mes envies s’est ternie,
Depuis que les pianos guillerets de l’esprit se sont aigris
Pour apporter vertiges et brumes noires à ma désillusion
Et jouer en cette nuit incandescente ma malédiction !
La révolte s’est tue, s’est muée en haine et en venin.
Comme une course dans le sable, mes pas sont lourds
Et pénibles à travers cette amertume sauvage ; le jour
Est crépuscule, l’amour est pluie, le rire est chagrin !
Du matin au soir se plaint le souvenir que je méprise !
Du matin au soir s’affaiblit la lueur de ce passé malade ! J’ignore l’étoile qui me boude derrière ses nuées grises
Et m’égare parmi ces chemins dont je suis la nomade.
08/02/2014

POÈME D'AVANT.
Les seigneurs des hivers
II. Le rôdeur rouge
Il m’arrive de t’apercevoir furtivement au loin,
Magicien des vallées vêtu de sa robe enflammée.
Tandis que j’erre, le regard voilé, lors de ces matins
Où rien ne s’agite, tu fixes l’horizon et les nuées.
Chez moi, sais-tu que l’on te rejette et te chasse ?
Malgré tout, je ne comprends pas ceux de ma race
Et préfère m’assoupir entre les arbres blessés
Que dans les draps chauds de ma maison âgée.
Je te poursuis, inlassablement, je te sais proche
Et t’épies discrètement du haut de ces roches.
Tu es le souvenir de mes estivales promenades,
Le survivant au froid de la saison où tu gambades.
Les défuntes feuilles du sol sont le sanctuaire
Où se situent les basses cimes de ton repaire.
Pourtant, toujours l’on te repousse dans l’ombre,
Toujours l’on te déteste, toi, ange des décombres.
Divinité contestée aux habits de sang et de feu,
Gardien de mes rêves de liberté ! Cours, cours
Et fuis ces prédateurs perfides. Toi qui as les yeux
D’automne et de blé, quitte ces terres sans amour.
