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Discours de John F. Kennedy.

Dix jours avant son assassinat.

 

« Mesdames et messieurs. Le mot « secret » est en lui-même répugnant au sein d’une société libre et ouverte. Et en tant que peuple, par nature et historiquement, nous nous opposons aux sociétés secrètes, aux serments secrets et aux procédures secrètes.

Nous avons décidé il y a longtemps que les dangers de la dissimulation excessive et injustifiée de faits pertinents, l’emportaient amplement sur les dangers qui sont cités pour la justifier. Même aujourd’hui, il y a peu d’intérêt à s’opposer à la menace d’une société fermée en imitant ses restrictions arbitraires. Même aujourd’hui, il y a peu de valeur dans l’assurance de la survie de notre nation, si nos traditions ne survivent pas avec elle. Et il demeure un très grave danger, d’un besoin avancé pour davantage de sécurité, par ceux désireux d’étendre sa signification aux limites de la censure officielle et de la dissimulation. Ce que je n’ai pas l’intention de permettre dans la mesure où cela est sous mon contrôle.

Et aucun fonctionnaire de mon administration, que son rang soit plus ou moins élevé, qu’il soit civil ou militaire, ne devrait interpréter mes paroles ici ce soir comme un prétexte pour censurer les médias, pour étouffer la dissidence, pour couvrir nos erreurs, ou dissimuler à la presse et au public les faits qu’ils méritent de connaître.

Nous faisons face autour du Monde à une conspiration monolithique et impitoyable, qui s’appuie essentiellement sur des moyens déguisés pour élargir sa sphère d’influence, sur l’infiltration plutôt que l’invasion, sur la subversion plutôt que les élections, sur l’intimidation plutôt que le libre arbitre, la guérilla la nuit plutôt que l’armée le jour.

Il s’agit d’un système constrictif ayant de vastes ressources humaines et matérielles, pour la construction d’une machine très dense et efficace, qui combine des opérations militaires, diplomatiques, de renseignement, économiques, scientifiques et politiques. Ses préparatifs sont dissimulés, non publiés. Ses erreurs sont enterrées, non évoquées. Ses dissidents sont voués au silence, et non pas loués. Aucune dépense n’est remise en question. Aucune rumeur n’est imprimée. Aucun secret n’est révélé. Aucun Président ne devrait avoir peur de l’examen public de son programme. Que de cet examen survienne la compréhension, et qu’à partir de cette compréhension survienne le soutien ou l’opposition, et les deux si nécessaires.

Je ne demande pas à vos journaux le soutien de l’administration, mais je demande votre aide dans l’immense tâche d’informer et de sensibiliser le peuple Américain, car j’ai une totale confiance quant aux réponses et au dévouement de nos citoyens chaque fois qu’ils sont pleinement informés.

Non seulement je ne peux étouffer la controverse parmi vos lecteurs, je m’en réjouis. Cette administration entend être franche à propos de ses erreurs. Comme l’a dit un homme sage : « Une erreur ne devient pas faute jusqu’à ce que vous refusiez de la corriger. » (cf. Confucius) Nous avons l’intention d’accepter la pleine responsabilité de nos erreurs. Et nous attendons de vous de les signaler si nous les oublions.

Sans débat, sans critique, aucune administration, aucun pays ne peut réussir, et aucune république ne peut survivre. C’est pourquoi le législateur athénien Solon décréta un délit pour tout citoyen qui se dérobe à la controverse. Et c’est pourquoi notre presse est protégée par le premier amendement. La seule entreprise en Amérique spécifiquement protégée par la Constitution, pas principalement pour amuser ou divertir, pas pour mettre l’accent sur le travail ou le sentimental, pas simplement pour donner au public ce qu’il désire, mais pour informer, éveiller, réfléchir, présenter nos dangers et nos opportunités, indiquer nos crises et nos choix, guider, éduquer, et parfois même courroucer l’opinion publique.

Cela signifie une plus grande couverture et analyse de l’actualité internationale. Car ce n’est pas si lointain et étranger, mais à portée de main et local. Cela signifie une plus grande attention à l’amélioration de la compréhension de l’actualité, ainsi que l’amélioration de sa transmission. Et cela signifie, enfin, que le gouvernement, à tous les niveaux, doit répondre à son obligation de vous fournir l’information la plus complète possible, en dehors des limites les plus étroites de la sécurité nationale. Et il en est ainsi pour la presse, pour le rédacteur des actions de l’Homme, le gardien de sa conscience, le messager de son actualité, dont nous attendons la force et l’assistance, convaincus que grâce à votre aide, l’Homme sera ce pour quoi il est né : libre et indépendant. »

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