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Elle semble si fatiguée

 

Elle semble si fatiguée, mon aubaine diluée,

Avec son sourire triste et ses yeux constellés.

Tel un dramaturge dans un portrait endormi,

Je la vois chaque matin comme au cœur de la nuit.

 

Elle a le visage pâle et les traits doucereux,

Et moi je la détaille chaque jour un peu mieux.

De toutes ses manières je connais les tréfonds,

Aucune sous ma lumière n’épargne mon attention.

 

Quelle est cette démarche qui l’éloigne sans cesse,

Au bord des ondes mûres que mes vers confessent,

Elle semble si fatiguée, mon aubaine diluée.

 

Et dans son grand regard sans plus d’intérêt,

Comme une Lolita empreinte à mon chevet,

Je la vois chaque matin comme une âme altérée.

 

10/11/2013

 

Un arbre qui pleure

 

De leur fier balançant silencieux ils s’inclinent,

Dépliant leurs longs bras sur leur fémur croulant,

Et leur être tout entier se plaint et s’indigne

Lorsque le poids du ciel les renverse en sifflant.

 

Sous un vent ami, ils gémissent sans pudeur,

Et leur peau mordorée se craquelle et s’effrite,

Jusqu’au dernier usage du bois de leur cœur

Où dans leurs veines la sève s’éteint au zénith.

 

Nous nous sommes arrêtés sous ces vieux pantelants,

Levant vers leur vaste front des yeux ahuris.

Alors que la pensée se tournait vers la nuit,

 

Les calmes ancestraux, dans un râle de bonsoir,

Ont poussé vers les cieux une plainte dérisoire.

Et chante encore en moi ce son si éloquent.

 

01/12/2013

 

MORTAIN 

 

Le vent roussi d’hiver a balayé la plaine,

Qui s’étendait, fumeuse, au-delà des contrées.

Et son corps croulant où meure la marjolaine

Ne fleurit qu’en été, entre les champs de blés.

 

La colline, immobile, couchée vers l’océan,

Ouvrait le paysage en deux valons distincts,

Et l’allée de platanes, fantasmes intimidants,

Donnait sur « Le bon vent », aux portraits byzantins.

 

C’est le Tertre noyé dans ses ruelles sèches,

Qui dépeint tout l’automne, des êtres endiablés,

Entre les grilles de fer et leur chant de dépêche,

L’ardoise et le bitume, les tuiles un peu gercées.

 

Au-delà du cimetière, la chapelle se pare

Des orgies du printemps qui l’atteint en bohème.

Le monde, auréolé, semble si dérisoire,

Devant la foi dormante que ses vitraux parsèment.

 

En cet âtre normand, traversé par la Cance,

Il me souvient du temps de cette belle brune,

Le sel de ses baisers, l’écho de nos romances,

Et les maintes déroutes, qui forgent l’infortune.

 

12/03/2014

Le poète heureux.

« Tu désires ardemment cette infinie tendresse, alors progresse retiré dans la caresse du vent. » Emma.

Le revers de l’avion

 

Désormais je ne pleure plus en observant le ciel

Dans les belles paroles chantées des ménestrels

Et pourtant je l’avoue ma plus infâme faiblesse

Est bien celle des avions qui à jamais me blessent

 

Je les suis vaillamment dans leur cycle infini

Dans leur sillon le jour et leur lueur à la nuit

Dans leur contraste l’hiver et leur chant l’été

Sans cesse je les observe de là-haut me narguer

 

Celui-là tous les soirs dans l’ombre de ma fenêtre

Se profile et enlace son seul et unique maître

Et je traine sa portée sur encore bien des cieux

Car mon champ n’est bleu qu’en son cap audacieux

 

Désormais je ne pleure plus en observant le ciel

Dans les belles paroles chantées des ménestrels

Et pourtant je l’avoue bien plus qu’à la messe

Je supplie les avions de cueillir ma détresse

 

30/05/2013

POÈME D'AVANT.

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